Les modes de locomotion chez les primates

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Dans cet article, nous proposons de vous familiariser avec les différents modes de locomotion des primates et ce qu’ils impliquent en termes d’adaptations locomotrices. Il s’agit d’un sujet essentiel si vous souhaitez comprendre les débats autour de l’évolution des Hominines, notamment ceux concernant la bipédie.

Quelques généralités sur la locomotion des primates

La grande majorité des primates vit en climat tropical et au sein des milieux forestiers. Certaines espèces vivent également dans des milieux de type savane ou à plus haute altitude. C’est le cas par exemple du macaque de barbarie qui vit dans l’Atlas et sur les promontoires de Gibraltar. Nous pouvons également citer le Rhinopithèque de Roxellane qui vit au niveau du plateau tibétain, dans un milieu parfois enneigé. Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur les primates, nous vous invitons à lire notre précédent article. Ainsi, les primates ont une vie à la fois arboricole et terrestre. Cette diversité des environnements occupés entraîne une grande diversité au sein des répertoires posturo-locomoteurs des primates. Contrairement à la majorité des autres mammifères, les primates peuvent pratiquer différents modes de locomotion au sein d’un même répertoire. 32 modes posturo-locomoteurs ont été identifiés et les primates sont couramment regroupés au sein de dix grandes catégories locomotrices :

  • Sauteurs et grimpeurs verticaux
  • Brachiateurs
  • Quadrupèdes arboricoles généralistes
  • Quadrupèdes semi-terrestres
  • Quadrupèdes terrestres
  • Marche quadrupède sur l’articulation des phalanges des mains ou knuckle-walking
  • Grimpeurs lents
  • Grimpeurs à griffes
  • Bipède
  • Certains primates américains ont aussi une queue préhensile qu’ils utilisent comme cinquième membre afin de se suspendre et se stabiliser dans les arbres
Mode de locomotion d'un tamarin à mains rouges
Figure 1 : Photographie d’un tamarin à mains rouges, Saguinus midas, un primate américain. Photographie libre de droit.

Ces différents modes locomoteurs se caractérisent par des adaptations anatomiques au niveau du squelette. Néanmoins, il faut faire attention quand nous parlons de ces adaptations.  En effet, les primatologues savent désormais que ce n’est pas nécessairement le temps passé sur le mode principal de locomotion qui reflète le mieux les adaptations au niveau du squelette. Par exemple, le chimpanzé est défini comme knuckle-walker selon la catégorisation large évoquée précédemment. Néanmoins, la majorité des adaptations squelettiques chez le chimpanzé ne sont pas pour cette marche quadrupède mais pour la suspension et le grimper vertical qu’il pratique également. Catégoriser les modes posturo-locomoteurs nous aide à les définir. Néanmoins, il faut bien garder en tête qu’une espèce de primates pratique différents modes.

Dans la suite de cet article, nous vous proposons un petit aperçu de certains de ces modes de déplacement.

Les sauteurs et grimpeurs verticaux

Les tarsiers, par exemple, pratiquent ce mode de locomotion. Le terme « sauteur » provient de leur déplacement dans les arbres et au sol par bonds successifs. Ils peuvent sauter une distance qui est jusqu’à quarante fois plus grande que leur taille ! Le terme « grimpeurs verticaux » provient du fait que les tarsiers grimpent aux arbres à la verticale en montant le dos redressé et en écartant leurs membres pour s’accrocher au tronc. Les principales adaptations à ce type de locomotion se retrouvent au niveau postcrânien et plus spécifiquement au niveau des membres inférieurs qui sont particulièrement allongés. En effet, ils font 1,5 fois la longueur du tronc et servent ainsi à prendre appui pour se propulser lors des sauts.

Photographie d'un tarsier des Philippines s'agrippant à une branche.
Figure 2 : Photographie d’un tarsier des Philippines, Carlito syrichta. © Kok Leng Yeo – Wikipedia.

Les brachiateurs

La brachiation est définie comme étant une progression bimanuelle sur plusieurs mètres entre deux structures sans utiliser d’autre type de locomotion et sans utiliser le soutien de la queue ou des membres postérieurs. Ce type de locomotion est pratiqué par exemple par les gibbons et les siamangs. Les membres supérieurs des brachiateurs sont particulièrement longs et résistants. Leurs articulations au niveau des poignets et épaules sont également mobiles. Ce type de locomotion leur permet de se déplacer très rapidement au sein de la canopée, jusqu’à 56 km/h pour les gibbons !

Figure 3 : Gibbon pratiquant la brachiation. Vidéo libre de droit.

La quadrupédie

Comme nous l’avons évoqué au début de cet article, il existe trois modes principaux de quadrupédie : les quadrupèdes arboricoles généralistes, les quadrupèdes semi-terrestres et les quadrupèdes terrestres. Ils sont tous caractérisés par une marche sur les quatre membres en prenant appui sur les mains et pieds. Les quadrupèdes peuvent être digitigrades (appui sur les doigts des pieds et mains), semi-plantigrades, plantigrades (appui sur la paume des mains et des pieds) ou un mixte des deux ! Les babouins par exemple sont digitigrades pour les mains mais semi-plantigrades pour les pieds.

La distinction entre ces modes de quadrupédie dépend de l’environnement dans lequel cette locomotion est pratiquée. Ainsi, les quadrupèdes arboricoles généralistes, représentés par exemple par les sakis ou les cercopithèques, se déplacent via la marche ou la course sur les branches. Les quadrupèdes semi-terrestres quant à eux passent une partie variable de leur temps dans les arbres et descendent au sol pour se nourrir. Les macaques en général en sont un bon exemple. Enfin, les quadrupèdes terrestres vivent principalement au sol. C’est le cas par exemple des babouins.

Mode de locomoion d'un saki à face blanche
Figure 4 : Photographie d’un saki à face blanche, Pithecia pithecia, en train de se déplacer de façon quadrupède. Photographie libre de droit.

La locomotion quadrupède sur l’articulation des phalanges des mains ou knuckle-walking

Le knuckle-walking est une locomotion consistant à se déplacer sur les quatre membres tout en prenant appui sur le dos des phalanges au niveau des membres supérieurs. Ce type de déplacement est pratiqué par exemple par les chimpanzés, les bonobos et les gorilles. Cela nécessite des adaptations de la structure osseuse du poignet ainsi que de celle des métacarpes qui sont plus allongées et robustes.

Exemple de locomotion d'un chimpanzé.
Figure 5 : Photographie d’un chimpanzé, Pan troglodytes. Photographie libre de droit.

Nous espérons que cet article vous a intéressé ! N’hésitez pas à nous poser vos questions et à nous faire part de vos remarques sur le blog. Vous pouvez aussi nous contacter par email si besoin. Retrouvez-nous également sur Instagram, Facebook, Twitter, TikTok, LinkedIn et YouTube pour suivre toutes nos actualités !

Nous remercions François Druelle, chargé de recherche spécialisé en primatologie, pour sa relecture de la première version de cet article. 

A bientôt,

L’équipe de Prehistory Travel.

Bibliographie:

[1] Berillon G., Marchal F., « Les multiples bipédies des hominidés », Pour la Science, vol. 330, 2005.

[2] Grimaud-Hervé et al., Histoires d’ancêtres. La grande aventure de la Préhistoire, éd. Errances, 5e édition, 2015.

[3] Kimura, “Habitual locomotor types and the shape of lower leg bones in primates, especially in hominoids”, Revue de primatology [en ligne], 12|2021.

[4] Michilsens et al., “Functional anatomy of the gibbon forelimb : adaptations to a brachiating lifestyle”, J Anat, 2009 Sep; 215(3): 335-354.

[5] Rasmussen et al., “Tarsier-like locomotor specializations in the Oligocene primate Afrotarsius”, Proc. Natl. Acad. Sci. USA, vol. 95, 1998

[6] Springer C., Andrews P., The complete world of Human evolution, ed. Thames & Hudson, 2011

[7] Tarrega-Saunders et al., “Knuckle-walking and behavioural flexibility in great apes”, Revue de primatology [en ligne], 12|2021

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