Les Australopithèques

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Nous vous proposons dans cet article une introduction aux Australopithèques pour lesquel vous avez sûrement déjà entendu parler de la célèbre Lucy, une Australopithecus afarensis.

Australopithèques, qu’est-ce que cela désigne ?

Le terme Australopithèque désigne un groupe rassemblant des individus très variables en termes de taille et de conformation morphologique. En réalité, les Australopithèques forment un groupe informel car il ne s’agit pas d’un groupe monophylétique (groupe ayant un seul ancêtre commun) mais d’un groupe paraphylétique (groupe ayant plusieurs ancêtres communs). Pour cette raison, ils pourraient ne pas tous faire partie du même genre. De fait, l’un d’entre eux a été classé dans le genre Kenyanthropus. Même si toutes les autres espèces sont pour l’instant classées au sein du genre Australopithecus, cela n’est pas stabilisé et pourrait changer à l’avenir. Le problème vient de l’extrême difficulté qu’il y a à diagnostiquer les liens de parenté entre les différentes espèces d’Australopithèques à l’aide des analyses cladistiques. Par conséquent, à défaut d’autre chose, tant que n’est pas obtenue cette classification fine des Australopithèques, qui pourrait permettre de regrouper certains d’entre eux dans des clades différents, donc des genres différents, les paléoanthropologues laissent (presque) tous les Australopithèques au sein du genre Australopithecus par commodité. Néanmoins, ils sont pleinement conscients de la paraphylie du groupe et, donc, de l’artificialité du genre.

Les Australopithèques les plus anciens sont datés à un peu plus de 4 millions d’années (abrégé par Ma par la suite) et leur extension chronologique s’étend jusqu’à environ 1,9 Ma. Ce groupe a exclusivement vécu en Afrique.

Un peu d’histoire des sciences

Australopithecus est l’un des genres que l’on connaît depuis le plus longtemps. En effet, le premier Australopithèque a été découvert en 1924 (soit il y a presque 100 ans !) en Afrique du Sud par Raymond Dart. Il s’agit de l’enfant de Taung. Dart baptisera l’espèce Australopithecus africanus dans sa publication de 1925.

Crâne d'un Australopithèques - Australopithecus africanus
Figure 1 : Photographie d’un moulage du crâne de l’enfant de Taung, Australopithecus africanus. © Institut de Paléontologie Humaine.

Par la suite, d’autres sites fossilifères vont être découverts, de nouveau en Afrique du Sud, puis, à partir de la fin des années 1950, également en Afrique de l’Est. Parmi les découvertes marquantes, vous connaissez probablement Lucy, une femelle australopithèque découverte par Maurice Taieb, Donald Johanson et Yves Coppens en 1974 et qui est rattachée à l’espèce Australopithecus afarensis.

Dans un premier temps, l’enfant de Taung n’a pas été reconnu comme un ancêtre de l’Homme par la quasi-totalité des scientifiques pendant de longues années. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que les Australopithèques (lui et d’autres fossiles découverts après lui en Afrique du Sud) ont été consensuellement reconnu comme les plus lointain ancêtre direct de l’homme connus alors. Néanmoins, nous savons désormais que les Australopithèques ne sont pas les ancêtres d’Homo sapiens mais simplement une lignée d’Hominines.

Les différentes espèces d’Australopithèques

La multiplication des découvertes va mener à une explosion du nombre d’espèces. On en recense actuellement neuf. Les voici :

  • Australopithecus anamensis : 4,2 – 3,8 Ma (Ethiopie, Kenya) 
  • Australopithecus afarensis : 3,7 – 3 Ma (Ethiopie, Kenya, Tanzanie)
  • Australopithecus prometheus : 3,67 – 3 Ma (Sterkfontein, Afrique du Sud)
  • Australopithecus deyiremeda : 3,5 – 3,3 Ma (Ethiopie)
  • Kenyanthropus platyops : env. 3,5 – 3,2 Ma (Kenya)
  • Australopithecus bahrelghazali : 3,5 – 3 Ma (Tchad)
  • Australopithecus africanus : 3 – 2,5 Ma (Afrique du sud)
  • Australopithecus garhi : 2,5 Ma (Ethiopie)
  • Australopithecus sediba : 2 Ma (Afrique du sud)
Répartition des Australopithèques en Afrique
Figure 2 : Répartition géographique des différentes espèces d’Australopithèques. 1= Vallée de l’Awash. 2 = Lac Turkana. 3 = Afrique de l’Est. 4 = Craddle of Humankind, Afrique du Sud.

Tous ces spécimens ont été principalement retrouvés dans trois régions :

  • La province de Gauteng (Afrique du Sud)
  • Le bassin du lac Turkana (Afrique de l’Est)
  • La vallée de l’Awash (Afrique de l’Est)

Les gisements de ces trois régions représentent 95% des fossiles retrouvés en Afrique alors qu’ils correspondent à des zones très petites à l’échelle du continent africain. Gardez donc en tête que nous travaillons sur des informations partielles et très localisées.

Quelles sont les principales caractéristiques anatomiques des Australopithèques ?

La capacité crânienne des Australopithèques est comprise entre 380 et 500 cm3. La boîte crânienne est basse et allongée. La partie du crâne juste derrière les orbites est très resserrée ; on dit que la constriction post-orbitaire est forte. L’os frontal est étroit et fuyant vers l’arrière. Au-dessus des orbites, il y a la présence d’un torus postorbitaire, c’est-à-dire un épaississement osseux. Celui-ci est plus ou moins important en fonction des différentes espèces d’Australopithèques.

Caractéristiques crâniennes des Australopithèques
Figure 3 : Caractères anatomiques crâniens d’un Australopithecus africanus (Sts 5). © José Braga, Didier Descouens, Wikipedia.

La face présente un important prognathisme subnasal, c’est-à-dire une projection vers l’avant de la face, principalement au niveau du maxillaire.

Au niveau de la face, les arcades zygomatiques sont projetées sur les côtés. Elles sont larges et massives, ce qui indique une force masticatoire importante.

Caractères anatomiques crâniens des Australopithèques
Figure 4 : Caractères anatomiques crâniens d’un Australopithecus africanus (Sts 5). © José Braga, Didier Descouens, Wikipedia.

Quant à la mandibule, celle-ci est massive avec un corps mandibulaire assez haut et épais. La symphyse, endroit où se fusionne les deux hémi-mandibules, est plus ou moins fuyante vers l’arrière. 

Au niveau des dents, il existe des différences importantes entre les espèces mais également entre les mâles et femelles. Globalement, vous pouvez retenir que les molaires sont de grandes tailles. Les canines sont de plus petite taille que chez les chimpanzés, ce qui se traduit par une diminution progressive des diastèmes (espace entre la canine et l’incisive), jusqu’à leur disparition complète chez certaines espèces.

Modélisation 3D de la mandibule KNM-KP 29281 appartenant à un Australopithecus anamensis.
Figure 5 : Modélisation 3D de la mandibule KNM-KP 29281 appartenant à un Australopithecus anamensis. ©AfricanFossils.

Les modes de locomotion des Australopithèques

Les membres supérieurs sont plus longs que les membres inférieurs mais il est difficile d’en dire plus tant les espèces regroupées au sein de ce genre sont différentes en taille et en conformation. Néanmoins, ces proportions sont similaires à celles que l’on retrouve chez les chimpanzés. Ceci suggère que les Australopithèques grimpaient encore aux arbres pour se déplacer. Néanmoins, ils étaient également capables de se déplacer de façon bipède, bien que leur bipédie ne ressemble pas à la nôtre. Pour en savoir plus sur les adaptations squelettiques nécessaires pour pratiquer la bipédie, nous vous invitons à lire cet article. Il existe une grande diversité au niveau de l’appareil locomoteur des Australopithèques et ces derniers ne pratiquaient pas tous le même mode de locomotion.

Nous remercions François Marchal, paléoanthropologue, d’avoir relu la première version de cet article.

Nous espérons que cet article introductif au genre Australopithecus vous a intéressé ! N’hésitez pas à nous poser vos questions et à nous faire part de vos remarques sur le blog. Vous pouvez aussi nous contacter par e-mail. Retrouvez-nous également sur Instagram, Facebook, TikTok, Twitter et YouTube pour suivre toutes nos actualités !

A bientôt,

L’équipe de Prehistory Travel.

Bibliographie :

[1] Dominique Grimaud-Hervé et al., Histoire d’ancêtres. La grande aventure de la Préhistoire, Errances, 5e édition, 2015.

[2] B. Wood, Wiley-Blackwell Encyclopedia of Human Evolution, Wiley-Blackwell. Reprinted edition (2013).

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