La Mégafaune du Pléistocène

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Dans cet article, nous allons nous intéresser à des animaux aujourd’hui disparus, que l’on regroupe souvent sous le terme assez large de “Mégafaune du Pléistocène”.

Il est important de noter que ces généralités ne peuvent pas s’appliquer de manière parfaitement uniforme à toutes les régions du monde. Néanmoins, cet article introductif constitue une première approche du sujet. Commençons par définir les deux termes qui composent le titre de cet article, à savoir “Mégafaune” et “Pléistocène”.

Que désigne l’appellation “Mégafaune du Pléistocène”

Plusieurs définitions ont été proposées pour définir le terme Mégafaune. En 1989, PS. Martin propose de regrouper sous ce terme les animaux qui, une fois adultes, dépassent une masse de 100 livres, soit 45 kilogrammes (abrégé par kg) environ. Cependant, cette définition a depuis été affinée.

En effet, les herbivores ont tendance à être plus grands que les carnivores, étant donné que leur taille constitue une protection efficace contre ces derniers. Par conséquent, certains chercheurs considèrent les herbivores pesant de 45 à 999 kg seulement comme de “grands” herbivores, et ceux dont la masse dépasse 1 tonne comme des “méga” herbivores.

De même, les carnivores ayant une masse corporelle comprise entre 21,5 et 99 kg correspondent aux “grands” carnivores, et ceux ayant une masse supérieure à 100 kg sont considérés comme étant des “méga” carnivores.

Le terme Pléistocène quant à lui désigne une époque géologique. Celle-ci s’étend de 2,58 millions d’années (abrégé par Ma par la suite) à 11 700 ans avant notre ère. Elle précède donc l’Holocène, l’époque géologique dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

La disparition de la Mégafaune du Pléistocène

La fin du Pléistocène a été marquée par une vague d’extinctions des mammifères de grandes tailles. Les reptiles, les oiseaux, les végétaux, les invertébrés, ainsi que les petits rongeurs ont été peu affectés. Il en va de même pour les animaux marins. 

Si l’on prend en considération l’Amérique, l’Australie et l’Eurasie, nous nous rendons compte que l’ensemble des mammifères de plus d’une tonne disparaissent, ainsi que 80 % de ceux de plus de 100 kg. En Europe, nous pouvons par exemple citer la disparition de l’ours des cavernes aux environs de – 26 000 / – 15 000 ans avant notre ère, ou encore celle du mammouth laineux autour de – 3 000 ans avant notre ère. Pour l’Amérique du Nord, nous pouvons citer la disparition du castor géant, Castoroides ohioensis, ainsi que celle de Smilodon fatalis, une espèce de félidés, autour de – 9 000 ans.

Plusieurs facteurs ont pu provoquer ce déclin :

  • Des modifications de la structure de l’écosystème dues à un changement climatique (la fin du Pléistocène est en effet marquée par le passage d’une période glaciaire à interglaciaire) ;
  • Une raréfaction des ressources alimentaires, notamment à cause des variations climatiques et environnementales. De plus, il ne faut pas oublier que la disparition de certains herbivores a pu provoquer la disparition de certains carnivores les consommant ;
  • Des changements dans la structure des populations, notamment du point de vue génétique. En effet, une diminution de la taille des populations entraîne une perte de diversité génétique rendant ainsi les espèces plus fragiles face aux changements environnementaux par exemple (moins bonne capacité à s’ « adapter ».)  ;
  • L’expansion de certaines espèces appartenant au genre Homo, entraînant ainsi une surchasse. Il faut néanmoins faire attention car la pression de prédation exercée par les groupes humains peut varier selon des paramètres démographiques, géographiques ou encore écologiques.

Ces différents facteurs ont pu jouer un rôle dans l’extinction de la Mégafaune. Gardez néanmoins à l’esprit que les raisons de l’extinction de ces grands animaux sont toujours débattues.

Quelques exemples d’espèces

Le but de cette partie n’est pas de vous faire un catalogue exhaustif de la Mégafaune du Pléistocène mais de vous faire découvrir (ou redécouvrir !) certains de ses membres.

Smilodon populator: Le genre Smilodon a été décrit pour la première fois en 1841 par P.W. Lund. Il était présent en Amérique du Sud et s’est éteint il y a environ 10 000 ans avant notre ère. La taille de Smilodon populator est particulièrement impressionnante : entre 1,8 et 2,3 mètres de long pour une hauteur au garrot de 1,2 mètres.  Sa masse corporelle était comprise entre 220 et 400 kg, ce qui le place parmi les plus grands félins ayant jamais existé. Ses canines pouvaient mesurer jusqu’à 28 cm de long. Smilodon populator vivait dans des environnements types steppes, savanes ou même forêts. Il se nourrissait très probablement de grands mammifères.

Photographie de Smilodo populator, un membre de la Mégafaune du Pléistocène.
Figure 1: Photographie du crâne d’un individu appartenant à l’espèce Smilodon populator, Muséum national d’histoire naturelle, Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée – Paris 5e. © Wikipédia

Megatherium americanum : Cette espèce de fossile a été découverte en 1788 à Lujiin en Argentine. Vivant principalement en Amérique du Sud, les individus pesaient environ 4 tonnes, ce qui fait de cette espèce la plus grande espèce de paresseux ayant jamais existé. Megatherium americanum était adapté aux climats tempérés, arides ou semi-arides. Cet animal était herbivore, avec une consommation d’aliments plus ou moins durs.

Photographie de Megatherium americanum, un membre de la Mégafaune du Pléistocène.
Figure 2: Photographie du squelette d’un Megatherium americanum, Natural History Museum, London.  © Wikipédia.

Procoptodon goliah: Après avoir évoqué le plus grand paresseux ayant jamais existé, intéressons-nous maintenant au plus grand kangourou, Procoptodon goliah.Il aurait mesuré un peu plus de 2 mètres de haut et était probablement 1,5 fois plus lourd que le kangourou roux actuel. On pouvait le retrouver dans des zones climatiques semi-arides, comme par exemple des dunes de sable. Cependant, des spécimens ont été également retrouvés dans des paysages mosaïques, allant de la savane à la forêt sclérophylle. Cette espèce se nourrissait de feuilles et de tiges assez coriaces et était présente sur le continent australien.

Figure 3: Photographie du squelette d’un Procoptodon goliah.  © Wikipédia.

Coelodonta antiquitatis :Appelée rhinocéros laineux, cette espèce était présente en Eurasie. Les individus mesuraient entre 3,5 et 4 mètres de longueur pour une hauteur au garrot comprise entre 1,6 et 2 mètres. Le poids total d’un spécimen devait avoisiner les 3 tonnes et sa fourrure présentait une épaisseur de 15 cm afin de le protéger du froid. Il était exclusivement végétarien et vivait dans les steppes froides, au milieu des herbes et des graminées. Petite particularité de cette espèce de rhinocéros, elle possède deux cornes !

Photographie d'un rhinocéros laineux, membre de la Mégafaune du Pléistocène.
Figure 4 : Rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis Blumenbach, 1807). Etage : 370 000 – 10 000 ans (Pléistocène moyen et supérieur). Localité : Région de Yamalo-Nenetsky, Sibérie, Russie, Muséum de Toulouse. © Wikipédia.

Megalocerus giganteus : Ce grand cervidé pouvait atteindre les 2,10 m au garrot avec des bois s’étendant jusqu’à 3,60 m. Il était présent de l’Irlande à la Sibérie. La taille immense des bois ne lui permettait probablement pas de vivre et de se déplacer dans un environnement de forêt dense. Il vivait dans un environnement ouvert avec des zones boisées, comme les grandes plaines d’Eurasie.

Figure 5 : Photographie du squelette d’un Megaloceros giganteus , National Museum of Natural History, Washington D.C. © Wikipédia.

Nous espérons que cet article vous a intéressé. N’hésitez pas à nous poser vos questions et à nous faire part de vos remarques sur le blog. Vous pouvez aussi nous contacter par e-mail si besoin. Retrouvez-nous également sur Instagram, Facebook, YouTube et TikTok pour suivre toutes nos actualités !

Nous remercions Stéphane Péan, archéozoologue, d’avoir relu la première version de cet article. Toutes erreurs ou inexactitudes résiduelles seraient de notre faute.

A bientôt,

L’équipe de Prehistory Travel.

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