Actualité 2 – Des traditions orales datant de la Préhistoire

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Duane Hamacher, et al., « The archaeology of orality: Dating Tasmanian Aboriginal oral traditions to the Late Pleistocene”, Journal of Archaeological Science, 159 (2023).

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0305440323000997

Est-il possible de dater l’ancienneté de certaines traditions orales remontant à la Préhistoire ? C’est ce que propose une étude parue en novembre 2023 dans le Journal of Archaeological Science !

Se penchant sur les peuples Aborigènes résidant en Australie, les chercheurs ont démontré que les traditions orales tasmaniennes remontent au moins à la fin du Pléistocène supérieur. La méthodologie adoptée a consisté en l’examen de traditions décrivant des phénomènes naturels, lesquels ont été corrélés avec des études géologiques, paléoenvironnementales et astronomiques dans le but de retracer les événements ainsi décrits.

Les preuves archéologiques actuelles témoignent de l’arrivée d’Homo sapiens en Australie il y a au moins 65 000 ans avant notre ère. Notre espèce aurait atteint la Tasmanie il y a environ 40 000 ans, avant que celle-ci ne se détache du continent australien.

L’étude en question se concentre sur les traditions orales palawa et pakana, qui ont été documentées dans les années 1830. De ces traditions, deux éléments ont retenu l’attention des chercheurs : la submersion d’un pont terrestre reliant la Tasmanie à l’Australie et la mention d’une étoile particulièrement brillante au niveau du pôle sud céleste.

En utilisant la bathymétrie (technique permettant de mesurer la profondeur et le relief de l’océan) ainsi que la topographie, les chercheurs ont estimé que le pont terrestre évoqué dans la légende fait référence au pont terrestre Bassien. Celui-ci a été submergé par la montée des eaux il y a environ 12 000 ans, séparant ainsi la Tasmanie de l’Australie. Quant à l’étoile, elle a été identifiée comme l’étoile Canopus. Les chercheurs ont calculé sa déclinaison durant la dernière précession afin d’estimer quand celle-ci était minimale, une position où elle aurait paru particulièrement brillante au niveau du pôle sud céleste depuis la Tasmanie. Ceci a été estimé aux environs de 14 000 ans avant notre ère.

Ainsi, sous la condition que ces traditions reflètent fidèlement les événements, cette étude indique que les traditions orales tasmaniennes remontent au moins à la fin du Pléistocène supérieur, entre 12 000 et 14 000 ans avant notre ère. Cela montre que des traditions orales peuvent se perpétuer à travers plusieurs milliers d’années et ouvre ainsi de nouvelles perspectives dans ce que l’on appelle l’archéologie de l’oral.

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